mardi 28 février 2012

De la politique de propagande.


Aux archives départementales de l’Hérault, tous les documents sont classés avec précision dans des catégories spécifiques où on peut trouver entre autres des arrêts préfectoraux, des recensements, ou des plans cadastraux provenant de tout le département.
Voici, dans l’ordre, la liste des références des documents que j'ai utilisé telle qu’on peut la trouver aux archives:

1000W224 : propagande antigouvernementale - de 1941 à 1942.
1000W236 : tracts, brochures - de 1941 à 1942.
1000W237 : tracts, brochures - 1944.
1000W238 : propagande - après guerre.


Ici, il s’agit de s’approprier des slogans politiques de propagande en les synchronisant avec le présent. La réactualisation de ces tracts de propagande donne lieu à des subtiles digressions de sens.
On pourrait mettre ce geste en relation avec une fiction philosophique de Borges : Pierre Ménard, auteur du Quichotte, où Pierre Ménard, écrivain fictif, reprend le Don Quichotte de Cervantès à l’identique. Le projet de Ménard abouti à une oeuvre inachevée qui se compose de quelques chapitres de la première partie du Quichotte. Borges insiste, ce n’est pas une copie, bien que son texte coïncide mot à mot avec celui de Cervantès. Selon Borges, c’est une entreprise de haute envergure : l’analyse que l’on fait d’une œuvre dépend du contexte social et historique. Nous ne sommes pas en face de la même œuvre : le texte de Ménard est produit trois siècles après celui de Cervantès. Quand Cervantès se contente de « manier avec aisance l’espagnol courant de son époque », Ménard, lui, déploie de manière attractive et subtile un style archaïsant dans une langue étrangère. Il se livre à une récréation linguistique où les idées qu’il exprime ont une valeur très différente de celles de Cervantès.

Juliette Gilli, ESBAMA.

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